ZONE D’INFLUENCE

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ZONE D’INFLUENCE

ZONE D’INFLUENCE

Appelée aussi sphère d’influence, sphère d’intérêt ou même, au XIXe siècle, hinterland, la zone d’influence est un espace territorial situé à l’extérieur des frontières d’un État, dans lequel néanmoins celui-ci mène une action politique ou économique sans se heurter à une action concurrente de la part d’un autre pouvoir étatique. L’emprise qu’exerce l’État dominant sur cette zone peut varier d’un cas à l’autre; elle peut avoir comme objectif l’annexion du territoire, à plus ou moins longue échéance, ou l’établissement d’un régime juridique consacrant sa domination, comme le protectorat; elle peut aussi consister à maintenir cette zone sous une certaine domination politique ou économique. La principale caractéristique de la zone d’influence semble être une certaine exclusivité ou du moins la prépondérance d’un État par rapport aux autres.

La constitution de zones d’influence est un moyen de domination pouvant offrir des avantages, tels que l’amélioration de la sécurité de l’État par la création d’un glacis, l’accroissement de son poids sur le plan international grâce aux moyens supplémentaires que lui apporte sa sphère d’intérêt et l’assurance de trouver à l’étranger certaines ressources de matières premières ainsi que des débouchés pour une partie de ses exportations. Aussi est-elle fréquemment recherchée dans la vie internationale par des États désireux d’affirmer leur puissance.

Deux phases peuvent être décelées, depuis le début du XIXe siècle, dans l’histoire des zones d’influence. Au cours de la première, qui s’arrête avec la Première Guerre mondiale, la constitution de zones d’influence est une des méthodes employées par les puissances européennes pour asseoir leur autorité soit sur des territoires ne faisant encore partie d’aucun État reconnu comme tel, soit sur des États déjà existants, mais faibles et peu organisés, comme la Tunisie, le Maroc, la Chine, voire l’Empire ottoman. Des traités internationaux, généralement bilatéraux, reconnaissent et délimitent des zones d’influence, souvent sur une base de réciprocité (convention du 15 mars 1894, entre la France et l’Allemagne, concernant des territoires africains; accord du 8 avril 1904, entre la France et la Grande-Bretagne, dans le cadre de l’Entente cordiale; accord du 31 août 1907, entre la Grande-Bretagne et la Russie, concernant la Perse). Le procédé permet l’expansion coloniale ou impérialiste en délimitant les champs d’action des diverses puissances et en évitant les heurts entre elles, si bien que le droit international de l’époque, loin de le condamner, l’a admis. Les rares résistances sur le plan international — telle la «doctrine» que le gouvernement des États-Unis a dégagée du message du président Monroe au Congrès (2 déc. 1823) et qui entendait écarter toute colonisation européenne du continent américain — pouvaient être considérées davantage comme la manifestation de la volonté de s’assurer une «chasse gardée» que comme la répudiation véritable de l’idée des zones d’influence.

La Première Guerre mondiale marque le début d’un profond changement dans les conceptions concernant des phénomènes tels que le colonialisme et l’impérialisme. Progressivement, ils sont jugés inadmissibles et cette transformation des mentalités aboutit à la condamnation des zones d’influence. Le processus s’achève avec la fin de la Seconde Guerre mondiale et la constitution de l’Organisation des Nations unies, organisation fondée, selon sa charte, sur l’égalité souveraine de tous ses membres. Le phénomène de zone d’influence disparaît donc du droit international. Il n’en survit pas moins dans les faits, car il reste un instrument de choix pour toute puissance recherchant l’hégémonie dans un espace déterminé. La méthode généralement utilisée sera la transformation d’États étrangers en «satellites» par la pénétration économique, la conclusion d’alliances militaires, voire l’installation de régimes obéissant pour des raisons idéologiques ou autres au gouvernement de l’État dominant. Le cas échéant, la puissance dominante intervient dans les États qu’elle entend contrôler par des pressions économiques, politiques, voire par la force militaire. L’abstention des autres puissances qui pourraient exercer une action concurrente est obtenue par des accords répartissant les zones d’influence, mais qui seront désormais gardés secrets (ententes entre le IIIe Reich, l’Italie et le Japon, puis, à la veille de la Seconde Guerre mondiale, entre l’Allemagne et l’U.R.S.S.; entente entre les États-Unis, la Grande-Bretagne et l’U.R.S.S. pendant la Seconde Guerre mondiale).

Il est courant, aujourd’hui, d’appliquer la notion à l’influence économique et commerciale particulière qu’exerce sur telle ou telle partie du monde chacun des pôles de la Triade constituée, selon l’expression de Kenichi Ohmae, par l’Amérique du Nord, l’Europe et le Japon.

Encyclopédie Universelle. 2012.

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